"C'est déjà demain" par Virginie Rabisse, journaliste à Var Matin

"Belle bleue", la newsletter par Virginie Rabisse, journaliste Var Matin

"Belle bleue", la newsletter par Virginie Rabisse à Var Matin. Chers Méditerranéens, sauvegarder les traditions, c’est soigner l’avenir. Autrement dit, pour les associations qui, aujourd'hui, prennent soin d’hier, c’est déjà demain! Ce n’est pas Didier Sophin qui dira le contraire. Président de Lou Capian, l’association de sauvegarde et de conservation des pointus du Brusc à Six-Fours, dans le Var, il estime que "pour se construire, on a besoin d’histoire, de racine, d’identité". Et sur les bords de la Méditerranée, cette identité passe notamment par les bateaux traditionnels. "On a créé l’association il y a une quinzaine d’années pour que nos pointus ne meurent pas."

À l’époque, la lagune du Brusc vient d’être classée Natura 2000. Et si ces zones rassemblent des sites de l'Union européenne à la faune et à la flore exceptionnelles, elles font fi des traditions, assure Didier Sophin: "On nous demandait de retirer les bateaux qui étaient au mouillage dans la lagune", se souvient-il, rappelant que les  pointus sont en bois: "S’ils sèchent au soleil, ils sont détruits!"

L’action de Lou Capian a permis d’obtenir une autorisation d’occupation temporaire, renouvelée chaque année, ainsi que la mise en place de pontons dédiés. Et ainsi de préserver quelque 80 embarcations, toujours visibles aujourd’hui sur la lagune. Patrimoine et environnement peuvent ainsi faire bon ménage.

L’autre vocation de l’association de sauvegarde, c’est le partage de ces traditions. "Une valeur dont notre société a aussi bien besoin", assure Frédéric Agostinetti, membre de Lou Capian et charpentier spécialisé. "On participe à plein de festivités qui permettent de faire connaître les pointus", renchérit le président de l’association. Les deux passionnés aimeraient maintenant que ces "trésors" soient mieux mis en valeur. "Comme sur le port de Sanary", illustrent-ils. Depuis quelques années, différents ports de la région ont en effet fait des quais dédiés aux embarcations traditionnelles de véritables attractions touristiques.

Et qui dit tourisme, dit retombées économiques, notent, l’air de rien, les deux compères, indiquant aux pouvoirs publics qu’il y a peut-être là une manne à exploiter. "On pourrait créer une maison du pointu", imagine Frédéric Agostinetti. Il y verrait aussi une occasion de faire valoir son métier, "en voie de disparition". "Dans dix ans maximum, je vais prendre ma retraite, lance le charpentier. Aujourd’hui, j’ai bien des apprentis, mais c’est un métier difficile et aucun ne souhaite poursuivre dans cette voie."

Alors pour favoriser la transmission de cette passion pour les pointus méditerranéens, Lou Capian a noué des partenariats avec des établissements scolaires. L’association propose par exemple des sorties avec les élèves du collège Font-de-Fillol à Six-Fours. Surtout, elle démarrera à la rentrée son projet le plus important avec le lycée professionnel de La Coudoulière: la restauration complète du Notre-Dame-du-Mont-Carmel, un pointu de dix mètres construit en 1910! Un chantier sur lequel l’association compte afin d’être reconnue d’utilité publique. Prouvant ainsi que le passé peut - doit - servir le futur.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Voyez-vous la préservation des traditions comme un enjeu d’avenir? Les associations de sauvegarde du patrimoine doivent-elles être reconnues d’utilité publique? N'hésitez pas à m'écrire pour me faire part de vos réactions, suggestions, et si vous avez des sujets que vous souhaiteriez voir abordés dans une prochaine newsletter Belle bleue.

VIRGINIE RABISSE

Journaliste
Rédaction web - Service #Solutions